Il y a dix ans, je revenais d’un voyage riche et passionnant, en Colombie et en Équateur.
Je revenais le cœur vaillant, l’âme nourrie d’une sagesse préservée, celle des peuples Kogi et Ashuar, celle de la nature, des montagnes et de la forêt amazonienne.
De tout temps, en tous lieux, la connexion entre l’humain et la nature, sous forme de pratiques et de sagesse, a trouvé sa place.
Religieuses, animistes, chamaniques, ces pratiques ont toujours été reliées à une époque et à un lieu, s’adaptant aux circonstances de l’Histoire.
Le retour à la nature devient une évidence dans nos sociétés occidentales.
Certains d’entre nous ont voyagé vers d’autres pays, au contact de cultures où le lien humain-nature est encore bien vivant, où des croyances existent toujours, où les pratiques ont été maintenues.
Certaines de ces pratiques ont été ramenées chez nous, avec plus ou moins de succès, avec plus ou moins d’intérêt, avec plus ou moins d’adéquation à notre vie d’ici et d’aujourd’hui.
Souvent, elles demandent d’être adaptées à notre terre, à notre culture, à la modernité.
Nous avons été ré-initiés à l’étranger, en partageant le quotidien des peuples indigènes.
À l’est, au sud, à l’ouest, au nord.
Nous sommes revenus, ayant re-rencontré le lien à la Terre.
Ce mouvement me paraît aujourd’hui ressembler à une transplantation.
Comme un cœur, qui trouve sa place dans un nouveau corps.
Un cœur. Ou un chœur.
Venu d’ailleurs.
Relié à la nature.
Qui trouve sa place sur un autre territoire, chez nous.
Qui demande à se relier.
Qui demande à créer ici.
Comme lors d’une transplantation cardiaque, le terrain receveur doit s’adapter.
Recevoir le cœur venu d’ailleurs, pour qu’il puisse battre à pleine puissance.
Nous plantons une graine de là-bas, qui va germer ici.
En lien avec les peuples qui, chez eux, prennent soin de la Terre, il nous revient de créer des imaginaires nouveaux, et nos croyances, nos pratiques.
D’ouvrir le chemin vers une spiritualité de la nature, concrète, utile, adaptée aux défis de notre époque.
Pour le bien de toutes et de tous, et de la Terre.
Cela veut dire croire en quelque chose, et agir.
Cela veut dire sentir ce dont nos territoires locaux ont besoin.
Je nous invite à développer notre sensibilité. À trouver nos pratiques. Nos lieux.
Je nous invite à nous relier à d’autres qui les partagent, en tout ou en partie.
La communauté a son importance.
La communauté du cœur.
Jérôme Jadot
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