Exprimer son opinion est un art. Celui d’écouter à l’intérieur. D’abord le premier élan, le laisser humer l’air jusqu’à la conscience.
Puis revenir au corps, à la respiration, à la lenteur. Sentir ce qui nous anime, nous remue. Les émotions se bousculent, nous entraînent, nous sommes vivants.
Poursuivre le chemin jusqu’à la détente, jusqu’à l’essence de ce qui compte.
Il est possible que la colère soit là, vigilante, protectrice, et qu’il faille indiquer à l’autre ou au monde qu’une limite a été atteinte.
Il est possible qu’une idée pousse, émerge, jusqu’à pouvoir être modelée, formée, vers une création à partager.
Il est possible que le premier élan se soit tu, qu’il ne reste plus que la douceur et le silence. Que nous exprimer consiste à nous taire.
Il est possible que la peur nous envahisse : ce que nous voulons dire, montrer au monde nous paralyse. Nous imaginons les pires conséquences, rejet, rancœur, nous ne pourrions pas le supporter, notre vie, notre existence nous semble mise en danger.
Ce que nous exprimons, ce que nous faisons ne nous qualifie pas entièrement.
Notre être existe toujours.
Nous exprimer à partir de notre être est un bon chemin. Vérifier qui nous sommes. L’ancrer profondément. Nous sentir responsables. Puis aller dans le monde, à notre façon.
Savoir que nous sommes bienvenus sur la Terre, que nous avons une place, et que nous pouvons rayonner au départ de celle-ci, lorsque nous nous y sentons confortables.
Prendre soin de l’étincelle, de notre vérité. L’exprimer quand c’est utile, pour nous-mêmes, pour l’autre, pour le monde.
Rien ne sert de tout exprimer. Le jardin secret, ce qui est confus, notre vulnérabilité, peut être réservé à nous-mêmes, ou à nos proches, qui nous entendent, et qui partagent en retour.
Jérôme Jadot
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(Image : pixabay)